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L’histoire de la paroisse et de l’église


L’ÉMERGENCE DU FAUBOURG SAINTE-ANTOINE (1200 – 1624)

Au début du XIIIème siècle, dans le quartier que nous appelons aujourd’hui Faubourg Saint Antoine, est fondé un couvent de moines cisterciens: l’abbaye Saint-Antoine des champs. Elle sera  érigée en abbaye royale par saint Louis. Sous la protection de l’abbesse, la « Dame du Faubourg », se développe un quartier de maraichers et d’artisans, à l’est de la porte de Paris défendue par la Bastille.


L’ABBÉ ANTOINE FAYET OU UNE CHAPELLE POUR LE FAUBOURG (1624-1634)

L’abbé Fayet, curé de la paroisse Saint-Paul dont dépend le Faubourg saint Antoine, déplore que ses habitants soient loin de leur église. Il obtient l’autorisation de construire une chapelle sur un terrain donné par le seigneur de Reuilly, près des moulins de l’abbaye. En 1625, l’abbé Fayet fait construire à ses frais une petite chapelle qu’il place, en souvenir de sa nièce Marguerite récemment morte en couches, sous la protection de Sainte-Marguerite d’Antioche, souvent invoquée pour protéger les femmes enceintes. La fabrique de Saint-Paul s’oppose à ce que la chapelle devienne une succursale de la paroisse, elle reste donc une chapelle privée dans laquelle l’abbé Fayet, qui meurt en 1634, est enterré.


D’UNE SUCCURSALE DE SAINT-PAUL À UNE NOUVELLE PAROISSE (1634-1738)

La population du Faubourg augmente avec la venue de nombreux artisans du meuble. Ils sont attirés par la proximité des berges de la Seine par laquelle arrive le bois par flottage, par le privilège qu’apporte le Faubourg de ne plus être soumis aux corporations. En raison de l’urbanisation croissante, la chapelle privée devient finalement la succursale de la paroisse Saint-Paul. Entourée d’un cimetière, elle est allongée et agrandie de bas-côtés et d’une chapelle au nord et comporte un orgue et une chaire sculptée. Le Faubourg compte 40 000 habitants quand l’archevêque de Paris érige enfin Sainte-Marguerite en paroisse.


L’ABBÉ GOY, L’ARTISTE JANSÉNISTE ET LE MIRACLE (1712-1791)

C’est un prêtre original qui est nommé premier curé de Sainte-Marguerite. Jean-Baptiste Goy est un artiste renommé qui a passé dix ans à l’Académie de France à Rome. Prêtre de sensibilité janséniste, l’abbé Goy va s’attacher à agrandir et embellir son église. Il termine le transept avec les deux chapelles dont il sculpte les frontons, dédiées à Sainte-Marguerite et à la Vierge. Il fait construire la sacristie et des charniers le long des murs du cimetière nord. Il entreprend de reconstruire le chœur, mais meurt avant qu’il soit terminé. Il lègue sa bibliothèque à la paroisse et a peint plusieurs tableaux pour décorer son église. En 1725, une paroissienne, la dame Delafosse, est guérie en voyant passer la procession du Saint-Sacrement, ce miracle est reconnu par l’archevêque de Paris. 


L’ABBÉ LAUGIER DE BEAURECUEIL ET SA CHAPELLE (1743-1791)

Le nouveau curé, Charles de Beaurecueil, a une sensibilité très différente de celle de l’abbé Goy. Il est en effet « romain », c’est-à-dire fidèle au pape, alors que le parlement de Paris est gallican. Il est même exilé pendant plus d’un an, ce qui lui vaut de faire la connaissance de Victor Louis à qui il commande, à son retour, la chapelle des âmes du Purgatoire. Il fait aussi construire le clocher. Alors qu’il est curé depuis 46 ans, il affronte les débuts de la Révolution : il accueille dans l’église l’assemblée du Tiers-Etat de la circonscription, subit les contrecoups de la prise de la Bastille et doit quitter sa paroisse car il refuse de prêter serment. 


LA PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE (1791-1802)

L’église reste ouverte au culte jusqu’en 1793, avec des prêtres constitutionnels, l’un s’y marie même en grande pompe ! Elle sert ensuite de salle de réunion, son mobilier est détruit (les grandes orgues) ou pillé, sauf la chaire respectée comme œuvre d’ébénisterie. Le cimetière accueille des victimes des exécutions de cette période et l’enfant du Temple. En 1795, L’église est rendu au culte, mais les catholiques doivent la partager avec les adeptes de la « théophilantropie ». 


L’ABBÉ DUBOIS, UN LAZARISTE POUR LE FAUBOURG (1802-1817)

En 1802, l’église est entièrement rendue au culte et un nouveau curé est nommé. Jean-Jacques Dubois est une prêtre lazariste. En 1805, il reçoit à Sainte-Marguerite le pape Pie VII venu signer le concordat. L’abbé Dubois va s’efforcer de reconstituer un décor pour son église. Il récupère quatre tableaux d’une série de onze représentations de la vie de saint Vincent de Paul provenant de la maison mère des lazaristes pillée pendant la Révolution. Puis il obtient l’attribution de plusieurs tableaux2 saisis dans d’autres établissements. La paroisse se réduit par la création de la paroisse Saint-Antoine et gagne une succursale (Saint-Ambroise). Le cimetière est progressivement désaffecté, l’abbé Dubois y bénéficie de la dernière sépulture. 


L’ABBÉ LEMERCIER, LE FUTUR ÉVÊQUE (1817-1831)

Sous la Restauration, lui succède Jean-Louis Simon Lemercier qui récupère les terrains et bâtiments situés autour de l’église dont il poursuit la réfection. L’arrière du nouveau maître-autel est agrémenté d’un monument en marbre de l’église Saint-Landry, sculpté à la mémoire de Catherine Duchemin, l’épouse du sculpteur Girardon. De nouveaux autels sont installés dans le fond des deux chapelles latérales ; ornés de statues et de peintures, ils occultent les entrées originelles. 


L’ABBÉ HAUMET, L’ENFANT DU TEMPLE ET LES BARRICADES (1831-1851)

Jean-Pierre-Joseph Haumet remplace l’abbé Lemercier devenu évêque de Beauvais. La façade, le narthex, la tribune et le baptistère sont construits ainsi que des chapelles à l’emplacement des charniers. L’une d’elle accueille les reliques de saint Ovide provenant du couvent des Capucines. Des groupes sculptés ornent l’entrée de l’église et le nouveau chemin de croix est installé. L’abbé Haumet est à l’origine des premières fouilles du cimetière, à la recherche des restes de l’enfant du Temple. En 1848, monseigneur Affre, archevêque de Paris, meurt sur la barricade du Faubourg où il s’était rendu pour calmer les émeutiers. 


DU SECOND-EMPIRE À LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE, LAÏCISATION EN MARCHE (1851-1905)

Plusieurs curés se succèdent dans une paroisse réduite par les créations des paroisses Saint Ambroise et Saint Éloi. Pendant la commune, l’église est envahie et le presbytère incendié. Entre 1873 et 1875, l’orgue de tribune et l’orgue de chœur sont installés par les Stolz. Arrivé en 1881, l’abbé Paradis va impulser la pose de vitraux, ceux du chœur puis de la chapelle Saint-Joseph – Sainte-Marguerite.


DE LA SÉPARATION DE L’ÉGLISE ET DE L’ETAT AU CONCILE VATICAN II

En 1905, les terrains, les bâtiments et les mobiliers deviennent propriété de la ville de Paris. Le presbytère est démoli pour construire une école ainsi que les bâtiments situés au sud pour dégager un nouveau square. Le terrain de l’ancien cimetière est amputé pour construire une crèche. Nommé en 1920, l’abbé Meuret fait poser de nombreux vitraux, ceux des oculi de la nef, ceux des bas-côtés relatant les faits marquants de la paroisse et ceux de la chapelle de la Vierge. Il fait aussi installer par le Souvenir Français le monument aux morts et ses deux vitraux. Arrivé en 1930, l’abbé Archimbaud poursuit l’œuvre de son prédécesseur en faisant poser les deux premiers vitraux du bas-côté droit. 


LES DERNIÈRES TRANSFORMATIONS

Après la réforme liturgique de Vatican II, le chœur est réaménagé avec un autel construit par des paroissiens. De nombreux mobiliers sont enlevés (grilles, banc d’œuvre, statues et peintures). Après plusieurs rénovations, des travaux importants sont réalisés pour assainir la chapelle des Âmes du Purgatoire qui est complètement restaurée en 2011.